mercredi 2 décembre 2015

La liste de nos envies





L'envie. Quel joli mot. Quel concept ironique. Est-ce un hasard s'il désigne à la fois cette pulsion qui nous fait avancer, qui nous fait tenir debout et ce poison qui nous fait convoiter le bonheur de l'Autre?

Pour vous rafraîchir la mémoire, je vous encourage à lire la Bible. Non je blague. On va se contenter de regarder Seven.

On désire ardemment ce que l'on n'a pas, pour autant cette envie s'éteint-elle une fois que l'on obtient ce qu'on veut? Pas besoin d'aller chercher bien loin. Que désire-t-on le plus au monde lorsqu'on est malade? Être en bonne santé. Que se passe-t-il quand on guérit? On oublie. Je suis sûre que vous vous êtes fait cette réflexion un jour.
Encore plus simple. Celui qui répond juste aura un bon point: où a fini cette paire de boots qui me faisait saliver des semaines durant, une fois après les avoir achetées et portées deux-trois fois? Dans mon placard. Et mon envie, elle est passée où? Elle est passée à autre chose, car c'est comme ça que ça fonctionne. L'envie une fois satisfaite n'a plus de raison d'être. Elle fait de nous des éternels insatisfaits.

Pourtant, les envies sont sans cesse renouvelées, elles nous donnent des perspectives.
Avoir envie et être en vie, finalement, revient peut-être au même. Demandez à Johnny Hallyday. 

Cette année a été assez compliquée pour moi comme je l'expliquais dans mon post précédent. Je me suis retrouvée subitement avec énormément de temps à disposition. Du temps à ne plus savoir quoi en faire. Au tout début, je me suis dit que j'allais enfin pouvoir faire tout ce dont j'avais envie, tout ce que je ne pouvais pas faire par manque de temps. La liste était longue. Ambitieuse. Savez-vous combien de choses j'ai réalisées? Aucune. Ou presque. Je ne m'étendrai pas sur le pourquoi, il faudrait un article complet pour aborder le sujet. J'y viendrai. 

Et puis je suis tombée sur le blog d'Olivia pour qui j'ai eu un coup de cœur. Dans un de ses articles, elle revient sur ses envies de l'année passée et elle en fait le bilan et j'ai trouvé l'exercice très intéressant. J'ai toujours eu beaucoup d'admiration pour les gens qui se donnent les moyens d'aller au bout de leurs envies. Sûrement parce que ce n'est pas mon cas.

Toujours est-il que j'avais envie (haha) de réfléchir à une liste, et de commencer à trouver la motivation pour sortir de cette période complètement contre-productive.
Voici donc la fameuse, sans ordre d'importance.

  • Faire de la boxe anglaise. (quand ma cheville sera de nouveau opérationnelle)
  • Maîtriser la photographie argentique et pourquoi pas, apprendre à développer.
  • Écrire un roman de SF pour ado.
  • Partir seule en voyage et dompter ma peur de la solitude.
  • Apprendre à me contenter de ce que j'ai.
  • Épouser Tom Hardy.
  • Reprendre la danse. (comme pour la boxe)
  • Arrêter d'acheter autant de vêtements (ce qui rejoint d'ailleurs apprendre à me satisfaire de ce que j'ai...).
  • Changer de métier.
  • Épouser Tom Hardy.
  • Arrêter de fumer.
  • Aller au bout de mes lubies, quelle qu’en soit l'issue.
  • Apprendre à tricoter pour offrir des pulls et des écharpes à mes copines.
  • Me défaire de mes mauvaises habitudes alimentaires.
  • M'inscrire à The perfect Strangers Project pour envoyer et recevoir des petits colis surprises.
  • Apprendre à tirer les cartes.
  • Suivre des cours sur EdX parce qu'il y a tellement de choses à apprendre...
  • Épouser Tom Hardy.
  • Aller au théâtre et faire des expos plus souvent.

 Voilà, je pense que c'est déjà pas mal, et mine de rien ce n'est pas aussi simple qu'on le pense de dresser une liste d'envies. Reste à savoir si je vais maintenant en faire quelque chose!

Et vous, de quoi avez-vous envie?

Bisous



mercredi 25 novembre 2015

La cigarette, cette amie qui ne vous veut pas du bien.



4 ans. J'avais tenu 4 ans. Pas une seule cigarette. Je me suis arrêtée du jour au lendemain sans aucune aide ni substitut. Je m'étais juste dit tiens fais voir ce que ça fait si je fume pas aujourd'hui? Et puis j'ai recommencé le lendemain , le surlendemain, et un jour dans la rue je me suis entendue répondre à un passant qui me demandait une cigarette "non, je ne fume pas". Pas "j'essaie d'arrêter" ou "je ne fume plus". Juste "je ne fume pas". J'étais devenue une non fumeuse. J'étais capable de boire mon café du matin sereinement sans l'associer à la cigarette. Les apéros avec les potes se passaient aussi merveilleusement bien. J'étais sevrée. J'étais libre. Ca a duré 4 longues et belles années.
En avril de cette année, on m'a découvert une vilaine fissure sur l'astragale (les douleurs duraient depuis des mois), et je me suis retrouvée en arrêt maladie, avec comme injonction de marcher en béquilles dorénavant. Après avoir consulté la moitié du corps médical parisien, je me suis retrouvée bredouille avec la même conclusion à chaque fois: "Y'a rien à faire mademoiselle, c'est une des lésions les plus longues à guérir, armez vous de patience". Haha. Moi, patiente. Mais laisse-moi rire.
Rajoutons à ça une rupture en juin, et un déménagement. Voilà, nous y sommes. Nous voici réunis, ma solitude, ma non-vie sociale, mon chat et moi, dans mon 14m2. Et c'est comme ça que la cigarette, cette bitch, est revenue dans ma vie. Elle s'est manifestée d'abord sous forme d'idées: tiens, je suis bien là sur cette terrasse au soleil, avec une cigarette ça serait cool. Ou encore: mais quelle journée de merde!! Je fumerais bien une petite clope pour me calmer...
Je pense sincèrement que le principal carburant de cette envie a été l'ennui. Plus les jours passaient, plus l'envie montait. Les moments où je pensais à la cigarette se rapprochaient de plus en plus. Jusqu'à ce que l'idée ne me quitte plus.

Le 5 juillet, une amie organise un picnic dans un parc. Il fait beau, il fait chaud, on rigole, on est bien. Il faut que je fume. Je harcèle donc tout le monde, jusqu'à ce qu'une personne craque et me donne une cigarette. Que je vais garder bien au chaud jusqu'à chez moi. J'ai fumé la moitié tellement elle était dégueulasse. Pourtant, le lendemain , je suis partie m'acheter un paquet. J'ai fumé 10 cigarettes en 3 jours, et j'ai jeté le paquet. Parce qu'à la 10ème cigarette, je commençais à reprendre mes habitudes d'ex-fumeuse.

J'aurais pu en rester là, ça aurait pu n'être qu'un petit incident de parcours. Mais non. Le 27 juillet je pars rejoindre des amis à Hossegor pour cinq jours mémorables de vacances. Un soir, au bar près de la plage, on boit des coups dehors, on est bien. Je suis un peu pompette. Et je m'entends dire à un pote 'tiens fais voir ta clope'.
Au retour des vacances, j'arrête à nouveau. Pendant deux mois, je n'ai cessé de lutter contre mon envie de cigarette. Un jour je fume, j'arrête trois jours, et ainsi de suite. Seulement voilà. Les jours où je résistais, je me jetais sur la nourriture, alors que ce problème-là était censé être réglé (j'y reviendrai dans un futur article). J'ai même appelé Info Tabac Service. Ils sont plutôt compétents, mais je n'ai pas réussi, et j'ai lâché prise... Cette lutte me rendait malade, d'autant plus que je refusais de reprendre les kilos que j'avais perdus, et surtout de voir mes vieux démons resurgir.

J'ai donc décidé de reprendre la cigarette, sans tenter quoi que ce soit pour arrêter. Pour autant, je ne suis pas en paix avec moi-même (comme quand j'étais fumeuse autrefois). Je ne supporte pas l'odeur de tabac sur mes vêtements, et même si je fume à la fenêtre, ça ne change pas grand chose, mon appartement est imprégné de cette odeur horrible. A quoi ça sert de revenir de la laverie avec du linge qui sent bon la lessive si c'est pour sentir le tabac froid dès la première cigarette? L'argent jeté par les fenêtres, n'en parlons pas. Mais surtout, surtout ce qui me rend dingue, c'est que je suis esclave de cette drogue. Complètement dé-pen-dante. N'importe quelle émotion déclenche l'envie de fumer. Qu'elle soit positive ou négative. Tout est prétexte à fumer. J'ai fini de manger: je m'allume une clope. Je lis un bouquin: je fais une pause nicotine. Je déguste un verre de vin: je l'accompagne d'une cigarette. Je suis énervée: je fume. Je suis bien: je fume. Je déprime: je fume. Je m'ennuie: je fume. Je sors du ciné: vite, vite une clope.
Dernièrement je me suis même surprise à me dépêcher de finir de manger pour allumer ma cigarette. N'importe quoi!
Vous avez sans doute remarqué depuis quelques jours qu'il fait froid. Comme il est hors de question que je fume à l'intérieur (pauvre petit chat!), je continue de fumer à la fenêtre, en enfilant mon manteau, mon écharpe, mon bonnet et mes gants...ri-di-cule.
Lundi matin, pendant le combo habituel café-clope, je me rends compte que je ne bois mon café que pour fumer. J'en fume une deuxième, je me concentre sur chaque bouffée. Sur mes sensations. J'approche la cigarette de mes lèvres, mais je m'arrête en plein vol, je réfléchis, je me sonde de l'intérieur et je sens bien que je ne veux pas fumer, que mon corps ne veux pas fumer.

Nous sommes mercredi soir, je n'ai pas refumé depuis. Demain, j'ai de nouveau rendez-vous avec une tabacologue-nutritionniste de Tabac Info Service. J'ai aussi acheté des gommes Nicorette aux fruits. J'ai commencé un petit journal de bord dans lequel je note toutes mes sensations. Parce que je sais que ces sensations sont engendrées par des idées, des pensées, et qu'il suffirait que je change ces pensées pour me défaire de cette dépendance.
C'est vraiment pas facile, des fois j'aimerais lâcher prise, m'abandonner à la facilité et replonger. Pour vous faire un idée, imaginez que vous êtes dans le métro, en route vers la gare pour partir en vacances. Et d'un coup, vous réalisez que vous avez oublié votre billet de train/avion. Vous voyez cette montée d’adrénaline qui vous tord les boyaux en même pas une seconde? Et bien voilà. Voilà ce que je ressens quand j'ai une furieuse envie de fumer et que je me retiens. J'ai remarqué que quand l'envie devient urgente, je suspens involontairement ma respiration et je contracte mes abdos, je me recroqueville, comme si je recevais un coup de poing dans le ventre. Quand l'envie est vraiment trop forte et que je commence à fantasmer ma cigarette, que j'imagine les sensations me procureraient une bouffée, je respire un bon coup, j'enfouis ma tête dans mon écharpe qui sens bon la lessive, je mange (malheureusement), j'essaie de chasser les pensées dans ma tête, et je me souviens combien il est doux d'être délivré de cette drogue, combien il est agréable de se lover dans un petit salon de thé au chaud tandis que les fumeurs se gèlent les mimines en terrasse.

J'aimerais beaucoup que vous me racontiez votre expérience avec la cigarette!!

Je vous embrasse.

P.S: Maman, si tu me lis, sorry I lied! Don't be cruel.

jeudi 19 novembre 2015

Half Moon Run



C'était le 26 mars 2013. Déjà plus de deux ans. Comme le temps passe vite. Ma bande de copines et moi étions parties pour sautiller comme des hystériques  au rythme du banjo de Mumford and Sons au Trianon, incontestablement ma salle de concerts préférée. Après une première partie qui n'a pas retenu plus que ça mon attention, voilà que débarquent trois mecs sur scène. Je soupire. C'est que deux premières parties, c'est agaçant vous comprenez. Je suis venue voir Mumford and Sons, moi!
La lumière se fait. Un sourcil se lève. Le chanteur est tellement beau que c'en est indécent. A vue d’œil, un bon mètre quatre-vingt-dix, les cheveux dorés relevés en chignon approximativement étudié, le tout emballé dans un t-shirt noir oversize destroyed. Qui ne couvre pas grand chose. Pardonnez-moi je m'emporte. Du coup j'ouvre grand les yeux, et les oreilles. Des fois qu'il chante bien.
Ah, mes amis. Cette voix. Je ne pense pas avoir entendu, en toute objectivité (comment ça non?), une voix pareille. Envoûtante, chaude, sensuelle, ensorcelante, lascive, puissante, vibrante, sensuelle...ah mince je l'ai déjà dit. La musique? Audacieuse, inédite, aérienne. Une sorte de rock folk indé (même si je n'aime pas enfermer la musique dans des cases) d'une qualité rare. Les mélodies sont composées méticuleusement et le travail instrumental est monumental, on sent qu'ils se sont donnés corps et âmes dans leur musique. 
Inutile de vous dire que je me suis précipitée sur leur stand à la fin du concert pour acheter leur album Dark Eyes. J'ai même eu la chance de pouvoir le faire signer par les membres du groupe, qui se mêlaient tranquillement à la foule. Personne ne les avaient remarqués (mais ça, c'était avant!).
Cet album, je l'ai saigné comme on dit poliment. La première écoute n'a pas été transcendante si je veux être honnête. Mais j'ai continué à l'écouter en boucle, et au fur et à mesure s'est installée une sorte de familiarité entre la sonorité des chansons et mes oreilles néophytes. J'ai intégré chaque note, chaque infime variation de la voix de Devon, que j'attendais au tournant. Oui je l'appelle par son petit nom maintenant.
Quelques jours plus tard ils jouaient à la Défense, au festival Chorus. Il n'y avait pas énormément de monde. Tant mieux. Ca en faisait plus pour moi. Ah, mais laissez-moi, j'ai 15 ans à nouveau. Cette fois-ci c'est le vinyle de leur single Full Circle que j'achète, et que je tends fébrilement à Devon pour qu'il m'écrive Give up dessus, une de mes chansons préférées de cet album. Il était tellement mignon, il se sentait géné, il souriait (est-ce que je vous ai parlé de son sourire?): "No, I don't want you to give up!" Je me suis donc retrouvée avec un "Don't give up" stabiloté sur mon exemplaire.
Et comme on dit jamais deux sans trois, me voilà repartie avec une amie (la même qui me suit dans cette odyssée depuis le début) à leur concert à la Maroquinerie le 23 avril 2013. Une touuuute petite salle. Le bonheur. Ce fut un concert d'une rare intensité. Un pur émerveillement. Entre deux chansons, on entendait les gens leur jeter des I love you par-ci, des I love you more par là. Et quand la salle a commencé a chanter avec eux, Devon et Connie (guitare,clavier et harmonica) se lançaient des regards pétillants pleins de surprise, comme s'ils n'arrivaient pas à croire ce qu'il se passait. Cerise sur le gâteau, le groupe au complet nous a offert une chanson acoustique pour clore le concert. Ah oui j'ai oublié de vous dire, un quatrième musicien a rejoint le groupe en cours de route, pour s'installer au clavier et aux percus:Isaac, ou Bouclettes comme le dit mon amie avec un filet de bave de trois mètres de long.
Est ce qu'on peut dire jamais trois sans quatre? Haha. Retour à la case départ cette fois, pour un nouveau concert au Trianon le 15 novembre 2013. Cette fois-ci, ce sont eux les stars. Et ils se sont envolés. Spectaculairement. Le public les a portés jusqu'à la consécration.
Deux ans. Deux ans à se demander si ils allaient revenir avec un nouvel album. Parce qu'un groupe comme eux, ça ne peut pas en rester là. Et finalement, il tombe, comme un cadeau du ciel, Sun leads me on, le 23 octobre 2015. Je ne vous cache pas que j'ai eu peur. Parce que qu'est ce qu'on peut bien faire après un album comme Dark Eyes? Une pâle copie du premier opus? Où alors est-ce qu'ils allaient être complètement à côté de la plaque?
Je ne sais pas par où commencer. On va faire simple. Première chanson: Warmest Regards. Une claque. C'est doux, lascif, jouissif. Je suis assise en tailleur sur mon canapé, je ne bouge plus un orteil, j'attends fiévreusement la deuxième chanson. I Can't Figure Out What's Going On. Et c'est le cas de le dire. C'est à couper le souffle. Ca s'envole, ça s'énerve, ça swingue, bref, je vais bientôt inventer des mots et des adjectifs si ça continue. Troisième chanson: Consider Yourself. Helloooo les gars, où étiez-vous cachés pendant toutes ces années, loin de la scène musicale?! Hands In The Garden, on retombe dans la douceur langoureuse. La voix de Devon, c'est du miel je vous dis! I never thougt I could be so happy, Devon tu ne crois pas si bien dire. La suite: Turn Your Love ressemble un peu plus à leur premier album, mais comme d'habitude la chanson se transforme en chemin. Narrow Margins: On passe au niveau supérieur. J'ai l'impression de nager dans les eaux translucides d'une cascade, dans un pays qui n'existe pas. Sun Leads Me On: quelque chose a cédé en moi, je suis tellement submergée que je me laisse aller à pleurer silencieusement. It Works Itself Out me réveille un peu de mon hypnose, mais très vite je me retrouve emportée par les somptueuses percussions (hello Bouclettes!) et les notes magiques de Connie au clavier. Puis je me laisse bercer par la douceur énigmatique de Everybody Wants, portée par des envolées qui sont propres au groupe, un sourire bête accroché à mes lèvres. Petite interlude au piano de 54 secondes avec Throes, parce que trop d'émotions c'est dur à gérer à ce stade-là. Devil May Care: changement total de décors. Nous voici au pays de Bob Dylan, Connie sort son harmonica pour accompagner Devon qui réussit là un tour de maître, la chose n'était pas aisée. The Debt: je ferme les yeux. Ca tourbillonne, ça vole en éclats. Et je m'imagine des choses pas très catholiques. La faute à Devon, hein. Mais c'est la fin, et je sors de ma rêverie avec le clavier qui a un air des années 80 de Trust.
Je ne vous dirai pas combien de fois j'ai écouté cet album, ça dépasse l'entendement.
Ce que je peux vous dire, en revanche, c'est que je suis allée à leur concert au Trabendo le 4 novembre avec mon amie (celle qui bave quand Isaac est dans les parages - dit-elle alors qu'elle se transforme en groupie sanguinaire dès qu'elle aperçoit Devon). Ca vous étonne?
Je ne vais pas vous passer en revue le concert, qui était ma foi beaucoup trop court à mon goût, mais qui était une fois de plus chargé d'énergie et d'émotions. Ce qu'il y avait de nouveau, c'était cette assurance que le groupe a gagnée depuis leurs derniers concerts. Cela ne les dessert pas, cependant.
Je me souviendrai en particuliers de ce moment où Devon a commencé à se trémousser en se passant les mains dans les cheveux, mais je ne vous raconterai pas ce qu'il s'est passé en moi à ce moment. Non mais!
Est ce que je dois vous parler du moment où mon amie et moi les avons attendus une fois le Trabendo fermé devant leur car? Non je ne vais pas faire ça. Un peu de décence tout de même.
Bon et puis comme on n'en est plus à une fois près, nous allons retourner les voir à la Cigale le 11 mars 2016. C'est qu'on est presque intimes maintenant, Devon, Isaac, Connie, Dylan et moi (et ma copine, sinon je risque de me faire frapper).
Sur ce, je vous laisse et vous encourage à aller voir ce groupe Canadien sur scène, j'espère vous avoir donné envie (en toute objectivité bien sûr) d'en découvrir un peu plus sur eux, ils valent vraiment le détour.

Bisous!

mercredi 18 novembre 2015

Le théâtre c'est chiant qu'elle disait






Naaaan mais le théâtre c'est nul, c'est pour les vieux/bobos/intellos, et puis ces gens qui déclament leur texte en hurlant sur un ton dramatico-forcé, c'est pas possible. Nan vraiment le théâtre c'est trop chiant.
Et puis il y a eu la tragédie de vendredi 13, qui nous a tous emportés dans son sillage, remplissant nos cœurs d'effroi, de tristesse, de colère. Les médias nous ont plongés dans un état de psychose sans précédent. 
Alors quand une amie m'a proposé d'aller voir une pièce de théâtre, j'ai dit oui, sans réfléchir, parce qu'il fallait que je me sorte de cette paralysie qui m'avait complètement sonnée. Le Médecin malgré lui? Oui bon pourquoi pas ça me fera réviser mes classiques, je crois que je dormais en cours tellement ça me passionnait. 
Me voilà donc en chemin, je retrouve mon amie devant le théâtre le Lucernaire, à deux pas de Notre-Dame-des-champs. L'endroit ne manque pas de charme. Il y a même un café attenant au théâtre. Des gens sont attablés en terrasse, ils ont l'air détendus. Du coup je me détends un peu aussi. Je remarque que sur l'affiche du Médecin malgré lui, il y a écrit Los Angeles 1990. Tiens?
Une ouvreuse nous annonce le début de la pièce et nous accompagne dans une petite salle. Les comédiens sont déjà sur scène. Ils ne sont déjà plus des comédiens d'ailleurs à ce moment là, ils sont déjà leurs personnages, et ils sont bien en 1990, pas de doute là-dessus!
Voici donc un Sganarelle sorti tout droit d'un épisode des Dessous de Palm Beach, binouze à la main et Converses trouées aux pieds, qui s'amuse à tourmenter sa femme Martine, avec comme témoins une bande de clochards éméchés au rire bien gras. A ce moment-là je commence déjà à sourire.
Puis entre en scène Lucas (le mari de la nourrice du père de Lucinde. Comment ça vous n'avez rien compris? Ah vous aussi vous dormiez pendant le cours?), qui se met à balancer ses répliques dans un accent espagnol parfait tout en lissant sa coiffure gominée, et là, je ne tiens plus, j'explose de rire.
Les dialogues fusent et le niveau monte alors que la situation de ce pauvre Sganarelle devient de plus en plus ridicule. Entre les pas de salsa de la nourrice qui passe l'aspirateur, l'hystérie d'une Lucinde Britneyspearisée et les divagations avinées de Sganarelle , on frôle parfois le délire.  La mise en scène, drôle et audacieuse, est un vrai régal. Les énormes clins d’œil aux années 90 sont jouissifs et, si étrange que cela puisse paraître, se marient à merveille avec cette comédie classique du 17ème siècle.
A la fin de la pièce, je crois que j'avais mal aux abdos tellement j'avais ri. J'en ai presque oublié que j'étais au théâtre. Et cette fin!! Il fallait oser! Mais je ne voudrais pas tout vous dévoiler, je vous laisse quand même quelques éléments de surprise.
Pendant près d'une heure et demie, je me suis laissé porter par l’énergie de ces comédiens, par leur talent indiscutable et leur incroyable générosité. Et croyez-moi que donner de sa personne comme ils l'ont fait ce soir, c'est une des plus jolies choses que j'aie vue en ces temps si sombres.

Alors je vous en conjure, allez les voir au Théâtre le Lucernaire, ils jouent jusqu'au 10 janvier, vous en ressortirez le cœur léger.


Pour réserver votre place, c'est par ici! 



mercredi 30 septembre 2015

Lettre à Delphine de Vigan



Chère Delphine,


J’ai lu, comme beaucoup, quantité de livres, certains m’ayant marquée plus que d’autres. Pour la première fois, cependant, je ressens un besoin impérieux de le faire savoir de la façon la plus directe qui soit: je voudrais vous remercier. 
J’avoue, non sans une certaine honte que je ne vous connaissais pas, jusqu’à ce qu’une amie me mette vos livres entre les mains. J’ai commencé par Les heures souterraines, qui m’a contaminée lentement au fil des mots et qui a fini par infiltrer mes pensées, comme un filet d’air glacé qui s’invite silencieusement dans une pièce mal isolée.
Encore un peu ivre sous l’effet de votre plume, je suis allée me procurer No et moi, que j’ai bu d’une traite et que j’ai refermé dans un soupir de satisfaction, les yeux embués. Comme tout drogué qui se respecte, l’effet de manque s’est vite fait ressentir.
Il m’en fallait encore et c’est avec des mains fébriles que j’ai tourné les pages de Rien ne s’oppose à la nuit. Je dois vous avouer que celui-ci ne m’a pas habitée comme les autres, pour des raisons que j’ignore; peut-être parce qu’il s’agissait en partie d’une oeuvre autobiographique, parce que la réalité avait pris le pas sur la fiction, et que cette réalité ne me laissait donc aucune place, aucun espace dans lequel j’aurais pu m’immiscer entre les lignes.
Néanmoins, le génie avec lequel vous parvenez à coucher les souffrances les plus intimes sur papier m’ont laissée sur ma faim, et je me suis attaquée à votre dernier livre dans l’espoir de sentir encore mon ventre se nouer.
Rien, absolument rien ne m’avait préparée à D’Après une histoire vraie.
Férue de littérature fantastique, j’ai mainte fois séjourné à la frontière fragile où cohabitent subtilement réel et imaginaire. Vous avez déplacé par la seule force de votre plume cette frontière dans une nouvelle dimension que je ne connaissais pas et je me suis perdue dedans.
Mue par une sorte de certitude naïve et prétentieuse - et cependant inébranlable- que seule l’écriture sera capable de me faire venir à la vie, je dois bien aujourd’hui me rendre à l’évidence: je n’y arrive tout simplement pas. Les mots se bousculent dans ma tête mais filent entre mes doigts dès lors que je tente de m’en saisir. Pourquoi, alors que ceux-ci sont tellement vivides lorsqu’ils accomplissent leur danse étourdissante dans le royaume de la pensée, disparaissent-ils comme par désenchantement au moment où ils se trouvent presqu’à ma portée?
Vous avez accompli ce à quoi j’aspire secrètement-et que je n’atteindrai sans doute jamais-, vous avez saisi votre âme à bras le corps afin de nous l’offrir dans son plus simple appareil, redonnant ainsi à la littérature une nouvelle définition, lui insufflant une nouvelle vie.
Car finalement, peu importent le genre et les mots, peu importe qu’il s’agisse d’une histoire vraie ou non. Thriller psychologique, drame, autobiographie sont autant d’étiquettes qui ne revêtent aucune sorte d’importance. Le reflet de votre âme au travers de ce livre est tout ce qui importe et par je ne sais quelle magie obscure, lorsque je me penche au-dessus de ce reflet, celui-ci me renvoie l’image de mes propres douleurs jusque là insondables.

Je ne saurais vous remercier assez de m’avoir bousculée de la sorte. Les mots me manquent, l’air me manque et je ne cesse de penser à L. qui a réussi à faire écrouler tout mon système de pensée quant à la nature profonde de l’écriture. 

Lorsque j’ai refermé votre livre, j’ai senti quelque chose se fissurer au fond de moi, là où vous avez creusé pour vous frayer un chemin. Je n’ai pas lutté longtemps. J’ai pleuré. Beaucoup.
Aujourd’hui je ne sais pas si je serais capable d’écrire comme je le souhaite, mais une chose est sûre, je ne le ferai pas avec des mots mais avec le matériau brut de mon âme, dussé-je y laisser ma peau.

Merci

M.

mercredi 27 mai 2015

Bienvenue en Enfer

Je suis en colère aujourd'hui. En colère contre moi, en colère contre le système. Je sais, ça fait très cliché mais ça reste un fait.
Je vous en avais plus ou moins parlé au fil de certains de mes articles, puisque c'est une récurrence chez moi. Je n'aime pas mon image, je n'aime pas mon corps et je ne compte pas en rester là. En ce moment, je suis en plein dans un régime et cette fois-ci je perds du poids pour de bon. Mais à quel prix...
Cette nuit, j'ai rêvé que je me pesais, que la balance affichait plus 6 kilos et que je pleurais à chaudes larmes parce que je ne comprenais pas comment j'avais pu prendre tout ce poids en un jour. Inutile de vous dire dans quel état j'étais en me réveillant, et pas besoin de s'appeler Madame Irma pour savoir quel a été mon premier geste après avoir posé le pied en dehors du lit. Me précipiter sur la balance bien évidemment. Cette catin qui vous regarde droit dans les yeux en vous pointant du doigt "YOU FAILED FATASS TRY AGAIN". 
Et le pire dans tout ça, c'est que je savais que le chiffre ne me ferait pas plaisir du tout. Je le savais parce que la veille, entre mes petits repas de petite fille modèle, j'ai dérapé. Méchamment. Le genre de dérapage qui te susurre à l'oreille "foutue pour foutue ma vieille autant y aller franco". Et donc ce matin, il fallait absolument que je mesure l'ampleur des dégâts afin de rentrer dans le bon vieux schéma de la culpabilité mange-grossis-punis-toi.



J'ai commencé mon régime il y a maintenant 7 semaines et j'ai perdu à peu près 5 kilos. Ce qui m'a rendue folle de joie dans un premier temps parce que ça faisait longtemps que je n'avais pas eu de tels résultats et mes pantalons commencent à être un peu grands. 
Comme je ne me vois pas telle que je suis dans le miroir, j'ai besoin de photos. J'avais donc demandé à Monsieur de me prendre en photo au début du régime pour mesurer les résultats. En mettant les deux photos côte à côte, je n'ai vu quasiment AUCUNE différence. J'ai ressenti une immense colère. Comment, tous ces sacrifices pour RIEN? Mais cette fois-ci, je n'allais pas me laisser abattre et abandonner, parce que c'est ce que j'avais toujours fait jusque là. Cette fois-ci, j'irai jusqu'au bout.
J'ai donc décidé de modifier légèrement mon régime somme toute assez équilibré, en supprimant TOUS les féculents, l'huile, et même le fruit auquel j'avais le droit le soir. A la guerre comme à la guerre. 
Et voilà que je perds entre 500 et 700 grammes par jour, la balance devient mon amie, et je me rajoute là-dessus un programme sportif pour la maison.
J'étais Wonderwoman.
Et sans prévenir, ça m'est tombé dessus. L'envie. L'envie de manger une énorme quantité de pain, de beurre et de charcuterie. J'étais pourtant de bonne humeur ce jour-là. J'ai d'abord essayé de résister, parce qu'après tout on n'a jamais dit qu'un régime était facile. Et plus je résistais, plus l'envie se faisait pressante, urgente même. Il FALLAIT que je mange mes cochonneries, je pouvais pratiquement les sentir fondre dans ma bouche, j'en salivais, je ne pensais plus qu'à ça. Et puis je me suis levée, je me suis dirigée vers la cuisine et je me suis mise à manger, en ne m'occupant que de l'instant présent. J'ai mangé jusqu'à n'en plus pouvoir, en regardant la scène comme si j'y étais étrangère, comme pour ne pas prendre part à cette folie.
Et puis il y a eu le rêve cette nuit. Depuis ce matin, je navigue de blog en blog, d'article en article, de la thinspiration à la fat pride. Complètement paumée. A la ramasse.

Et puis tout d'un coup je tombe sur la photo d'une fille sublime, un mannequin sûrement, le genre de fille qui n'a certainement pas de problème avec son image. Mince mais pas maigre. Tonique, sexy, une peau de velours. Magnifique.
Et de lien en lien, j'écarquille des yeux qui ne peuvent pas croire ce qu'ils sont en train de lire. Leah Kelley est un mannequin PLUS SIZE. Je serre les dents, j'enrage, j'ai envie de pleurer devant tant d'incongruité. Ca va trop loin. Le monde est fou. Je suis folle.




Je suis à bout. Je n'en peux plus de cette guéguerre contre le poids. Maintenant que je suis au régime, tout ce à quoi je pense c'est comment je vais faire pour ne pas regrossir derrière. Je ne veux pas m'empoisonner la vie, même si c'est déjà le cas. Je me bats contre mes contradictions en permanence. 
J'ai beau me dire que les standards de beauté ont beaucoup changé au fil du temps, que Marylin Monroe faisait du 42 et que mon esprit est embrigadé,  persuadé qu'un ventre plat est le symbole du succès, je n'arrive pas à me sortir de cet envoûtement de la minceur à tout prix. 
Alors oui, je suis en colère contre moi, et contre le système. Contre les médias et le pouvoir de l'image. En colère contre moi parce que sais que je suis sous influence et que je n'arrive pas à en sortir. En colère contre le système qui crée des générations de filles de plus en plus mal dans leur peau, prêtes à tout pour toucher le Saint Graal.  



LAISSEZ-NOUS DÉCIDER POUR NOUS-MÊME BORDEL DE MERDE. 

Est-ce que je vais arrêter mon régime et finir par m'accepter comme je suis? Non, faut pas déconner non plus. Ce surpoids que j'ai accumulé depuis des années, je l'ai quand même bien cherché. Et non je n'aime pas d'amour mes bourrelets. J'ai longtemps mal mangé, et beaucoup. Je vais continuer mon régime, faire un peu de sport à côté, arrêter de me peser TOUS les jours, mais surtout, je vais arrêter de prendre part à cette vaste débandade destructrice qui n'a d'yeux que pour la dualité. Skinny vs Fat. Fat vs Curvy. Team Healthy vs team no Healthy (the fuck?). Skinny vs Healthy.Avant vs après. STOOOOOOP.

Je veux déjeuner en paix.

Bisous.




 

mardi 12 mai 2015

Surconsommation hautement toxique




Salut à tous!

Aujourd'hui, je suis tombée sur un journal intime en flânant dans mes étagères. Comme tous mes journaux intimes depuis que je suis petite, il n'y a que très peu d'entrées dedans, car tout ce que j'entreprends en général est souvent très vite avorté. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être l'impression désagréable que tout ce que j'expérimente est vain. Comme ce blog d'ailleurs. Mais j'aime écrire et l'idée que quelqu'un quelque part puisse trouver son compte en me lisant me rassure et nourrit un peu mon ego. C'est qu'il est affamé le petit.
Toujours est-il que j'ai trouvé une entrée assez alarmante rétrospectivement, et j'ai décidé de la partager ici tellement ce que j'ai écrit ce jour-là me paraît incongru.

Lundi 10 mars 2014

Me voilà rentrée de Barcelone et le bilan est assez inquiétant. Sur tout le séjour, j'ai passé plus de temps à faire du shopping et à penser au shopping que je ferais en rentrant à Paris plutôt qu'à profiter pleinement de ces quatre magnifiques journées ensoleillées avec Monsieur, lui-même subissant avec une patience à toute épreuve mes caprices de petite fille frustrée. 
Mais frustrée de quoi au juste? Mes armoires sont pleines à craquer, les portes de placard ne ferment plus à cause des millions de sacs pendus les uns sur les autres, ou les uns dans les autres, au choix. Il arrive que je retrouve une paire de chaussures que je ne me souviens même pas avoir achetée!
Déprimée par cette révélation, je décide d'agir, sans me rendre compte que mes pensées m'ont entraînée-je vous jure que je ne comprends pas comment- sur ASOS, où ma commande vient d'être validée. Comment ma carte bleue? Bah elle est pré-enregistrée sur le site. Malin. Ou pas.
Ecoeurée,(même si j'attendrai fiévreusement l'arrivée du facteur cette semaine), je décide cette fois que j'ai un véritable problème. Et tout problème a une solution, non? Enfin, il paraît.
Il est donc temps de mesurer l'ampleur du problème. De se poser les bonnes questions. Suis-je addict? Acheteuse compulsive? Malade? Malheureuse?
Combien de fois par semaine est-ce je mets les pieds dans un magasin? M'arrive-t-il de ne rien acheter? Quel est mon véritable budget mensuel? Combien de vêtements ou chaussures sont passés aux oubliettes en l'espace de même pas une semaine?
Je pourrais par exemple remonter dans mes comptes jusque début 2013, et chiffrer mon addiction afin de me rendre compte de cette folie, et j'espère, pouvoir mettre fin à cette mascarade. Soit. Il faut bien commencer par quelque chose.
Bon. En remontant sur six mois, je m'aperçois que mon "budget" fringues frise les 500 euros par mois. J'ai donc dépensé 3000 euros (ce chiffre me donne le vertige) de fringues en six mois. Mais alors, à ce compte-là, où sont mes sacs de luxe, mes pulls en cachemire et mes pièces in-con-tour-nables? Nulle part. Ici, que des petites choses fadasses qui s'entassent et se ressemblent. Toutes. Le même jean en cinq coloris différents, des fois le même en double. Des pulls que je ne mets plus, des hauts que je n'ai jamais pu porter, des robes de l'époque "c'est ma période robe", et j'en passe.
Au secours. Je me noie. 

Inquiétant, n'est-ce pas? Alors je vous rassure, je n'en suis plus à ce niveau aujourd'hui, j'ai considérablement ralenti mes dépenses astronomiques et indécentes. Je n'ai pas trouvé de solution miracle, ça se fait petit à petit, mais aussi avec un petit travail d'introspection que j'avais déjà abordé dans ce précédent article, à savoir que je cherchais d'avantage à me déguiser plutôt qu'à me faire réellement face. Plutôt que de me dire que rien ne me va aujourd'hui, j'essaie d'abord de ne plus détester mon corps. Et pour moi, ça passe par un amaigrissement, mais c'est quelque chose de très personnel, et c'est un autre sujet :)
Clairement, cette surconsommation est un poison dont je compte bien me sevrer complètement!
C'est mon premier pas vers un monde meilleur, plus nature, plus zen et plus authentique.

Love 


vendredi 1 mai 2015

Pourquoi j'ai aimé Lost River de Ryan Gosling

Hello à tous! (la fille qui croit avoir trop de lecteurs)





Aujourd'hui, on parle de Ryan Gosling. Ou plus exactement de son film. Son premier film en tant que réalisateur. Ça peut laisser rêveur, ou pas, sachant que le blondinet a fait ses armes chez Disney. Quoi qu'il en soit, ça donne envie d'aller y jeter un œil. 
Comme d'habitude j'ai laissé tout le monde y aller avant moi, histoire de laisser la pâte reposer un peu. Même si je suis assez imperméable aux avis des uns et des autres, je suis une fille curieuse et parfois, je me laisse un peu spoiler, histoire de m'émoustiller un peu. 
J'ai donc pris la température à droite et à gauche -en même temps sur la toile il faudrait être aveugle pour ne rien voir passer- et j'ai eu un petit pincement au cœur face à l'unanimité: une bonne grosse daube prétentieuse d'amateur, sans queue ni tête. Oh. Je suis têtue, je suis donc allée voir cette daube intersidérale. 


Et j'ai adoré. Voici pourquoi. 

Je ne suis pas une spécialiste de la lumière et de la photographie (ni une spécialiste de rien du tout d'ailleurs), mais je me suis sentie touchée par la démarche artistique de Ryan (oui Ryan et moi sommes intimes maintenant qu'il m'a ouvert les portes de son univers). J'ai été comme hypnotisée par les images qui ressemblent parfois à un vieux polaroid périmé que l'on regarderait avec la curieuse impression d'avoir mis la main sur un trésor. Tout plane dans Lost River, tout flotte, comme un brouillard persistant un soir de pleine lune, qui nous chuchote doucement à l'oreille tandis qu'il nous frôle. 
Je me suis retrouvée projetée dans ce conte noir psychédélique, transportée par une musique, tantôt urgente, tantôt caressante, mais toujours présente comme un personnage qui aurait son mot à dire.  
Les acteurs, quant à eux, semblaient être taillés sur mesure pour ce film. On ne présente plus la sulfureuse Christina Hendricks, parfaite dans son rôle de mère perdue et prête à tout pour sauver ses enfants, et le talent de la douce Saoirse (une bonne fois pour toute, voilà comment on prononce son prénom!) Ronan se confirme une fois de plus.





J'ai entendu dire que son film n'était qu'un trip perso dans lequel il avait foutu de belles images, avec une histoire banale transformée en pseudo conte de fée. Attendez une minute que je rigole un peu. Ahahahahahahahahahaha. Voilà, pardon, il fallait que ça sorte. Je résume, ou plutôt, je traduis :on l'accuse donc de s'impliquer dans son film et d'exprimer ses pensées, ses délires les plus fous à travers des images soignées, et de sublimer l'anodin pour le rendre magique? 
Arrêtons un peu le délire, s'il vous plaît, ce sont des arguments non recevables. Je comprends tout à faire qu'on puisse ne pas être sensible à ce genre de cinéma, mais je ne crois pas qu'on puisse reprocher à Ryan Gosling sa démarche artistique. Ca serait comme réfuter l'essence même du cinéma. Je ne sais pas pour vous, mais je suis une spectatrice en demande, je VEUX voir de belles images, je veux voir du sublime, je veux être chahutée, meurtrie, bouleversée, je veux sortir de ma réalité. L'image est au réalisateur ce que les mots sont à l'écrivain, non? La qualité d'un film ne réside pas dans la complexité de son histoire, mais dans la façon dont l'histoire est traitée, détournée, sublimée.
On lui a aussi reproché d'avoir copié le style de David Lynch et de Nicolas Winding Refn. Déjà, je pense qu'il y a pire comme comparaison, je trouve qu'il s'en sort plutôt pas mal. Ensuite, je n'ai trouvé aucun point commun avec le style de Lynch, si ce n'est qu'il est mystérieux et que beaucoup de personne ne comprennent pas ses films. Pour Refn, je suis assez d'accord pour dire qu'il s'est influencé de son mentor, de cette façon qu'il a, parfois de mettre l'accent sur des couleurs oppressantes (du moins c'est ce que j'ai ressenti). En même temps, n'allez pas demander à un apprenti tatoueur de vous pondre des choses très géométriques si son maître excelle dans l'art du tatouage japonais, hein? 

Lost River

Only God Forgives



Et comme je refuse de croire que je vois des choses qui n'existent pas, je ne peux que souligner la similitude de ces deux images, qui n'est, sinon un immense  hommage à Refn de la part de Ryan Gosling, un symbole, dans les deux cas, d'une puissante malédiction à laquelle doivent faire face les protagonistes. Dans Lost River, la symbolique est d'autant plus forte qu'il s'agit d'une porte. Et comme chacun sait, la porte nous met face à nos peurs les plus profondes. Surtout si la porte en question a des allures de gargouille terrifiante. Dans la littérature gothique comme fantastique, elle oppose le connu et l'intérieur réconfortants à l'inconnu et à l'extérieur inquiétants. Qu'y-a-t-il derrière une porte? L'Enfer, un monde parallèle, le vide, la Mort, Soi? Dans tous les cas, ouvrir une porte c'est s'abandonner à un choix.  


Lost River

Only God Forgives
Peut-être bien même qu'il a trouvé son inspiration à Paris même, sous les traits d'un vieux cabaret, mais qui pourrait l'en blâmer? Rien n'est plus grisant de se raconter des histoires à partir d'un rien.




Les symboles bibliques et mythologiques sont nombreux à se côtoyer dans Lost River, l'eau est bien sûr un élément de taille, comme vous vous l'imaginez, tout comme le feu, qui joue un rôle à la foi destructeur et salvateur, mais je ne peux pas aller trop loin sans vous dévoiler un bout de l'intrigue, je vais donc m'en tenir là.

Le film, bien sûr est imparfait, comme toute œuvre. Il aurait mérité, par exemple, plus de temps, car il donne l'impression parfois d'aller un peu vite alors que c'est un film qui se pose, qui prend tout son temps, mais je tiens de source sûre qu'il y avait plus de scènes à l'origine. Pourquoi ces scènes ont-elles été coupées? Mystère. Des histoires de droit, de musique m'a t-on dit.
Toujours est-il que ce film, je l'aime avec ses petites imperfections, et que je trouve cela plutôt encourageant pour un début de carrière, car Ryan, pour ma part, a un immense talent. 

Lost River fait partie de ces films qui me marquent de leur empreinte, qui me plongent dans une douce nostalgie, nostalgie d'une histoire à qui j'aurais appartenu l'espace d'un instant.

Love.



jeudi 23 avril 2015

Amour, haine et kilos

Hello!

Aujourd'hui j'ai envie de te parler d'un sujet très personnel, très intime, même s'il touche indubitablement, allez, 60% de la gente féminine.
J'ai un peu tourné autour du pot dans mes premiers billets (c'est joli 'billet' vous ne trouvez pas? Je le préfère à 'post'), cette fois je saute dans le plat-haha.
Aujourd'hui je vais donc parler de poids, sur la balance, sur la conscience, de corps mal dans sa peau, de miroir déformant et beaucoup de gros mots dans le genre. Des choses, j'en suis sûre, que tu connais du bout des doigts.

Quand j'étais petite, j'avais déjà un rapport étrange avec la nourriture. Non je n'étais pas grosse, ce n'est pas ça. Mais j'ai développé ma propre vision de la symbolique de la nourriture. Pour remettre les choses dans le contexte, je dois vous dire que mes parents ont divorcé très tôt, je devais avoir quelques mois. Toute mon enfance-et pré-adolescence- je passais la moitié des vacances scolaires chez mon père.

Ma mère s'est toujours évertuée à nous faire manger, mon petit frère et moi, toutes sortes de légumes vapeur sans aucune saveur, aliments complets et autres graines diététiques farfelues. Le Coca était interdit, comme les viennoiseries, les bonbons et tous les aliments doudous en gros. Est-ce que ce qu'elle nous préparait était bon pour la santé? Sans aucun doute. Mais quand t'as 10 ans, tu t'en fous un peu de savoir que le pain blanc possède un indice glycémique beaucoup plus élevé que le pain complet.


Quand t'as 10 ans, tu veux du bon, du doux, du réconfortant. Pas des blettes à l'eau et de la soupe de légumes avec des fils et des morceaux dedans hein.



Quand j'allais chez mon père, c'était une toute autre histoire. Dans le sous-sol, il y avait une pièce qui aurait pu s'apparenter à une annexe de Carrefour. Des étagères remplies de boites de céréales, des packs de soda, de jus de fruits et tout ce que vous trouvez généralement dans un supermarché. Dans la cuisine, la fête continuait, avec les placards truffés de bonbons, chocolats, pots de Nutella et autres douceurs. Alors que je me levais souvent la nuit pour aller chiper un chocolat, mes petits frères restaient indifférents à cette profusion de nourriture. Comment pouvait-on refuser une telle offrande?

Pendant toute ma maternelle et ma primaire, c'est ma grand-mère qui venait me chercher après l'école. Franchement, il y aurait eu un concours de la meilleure grand-mère, elle l'aurait remporté haut la main. Les après-midis chez ma grand-mère étaient empreints de douceur. Pendant que je dégustais mes tartines de confiture et ma petite barre de chocolat Milka achetée chez le boulanger, ma grand-mère me chantait des chansons, me récitait des poèmes ou me faisait écouter les vinyle du Carnaval des animaux, de Pierre et le Loup ou de la Petite chèvre de Monsieur Seguin. Les purées de ma grand-mère étaient préparées avec amour, ainsi que tout ce qu'elle préparait à manger. Le dimanche, parfois, en été, la famille se réunissait dans le grand jardin autour d'un couscous gargantuesque. Aujourd'hui, elle cuisine beaucoup moins, mais c'est toujours aussi bon.

J'ai détesté toutes mes années passées chez ma mère. Je ne me suis jamais entendue avec elle. Pour résumer notre relation, je la définirais comme un conflit permanent. Je n'ai pratiquement pas eu d'adolescence, c'est bien simple, je n'avais le droit de rien faire, si ce n'est mes devoirs. Jamais de ciné avec les copines, encore moins une sortie.
Bref, le but n'est sûrement pas de vous démontrer que j'étais la doublure incarnée de Cosette, c'était il y a longtemps et d'une banalité effroyable.
Non, ce qui est intéressant en revanche, c'est qu'en mettant tout ça noir sur blanc (je l'ai fait il y a quelques années déjà), j'ai économisé pas mal de séances chez le psy. Pas besoin d'un professionnel pour savoir d'où est venu mon malaise avec la nourriture...

Partant dans la vie avec la certitude que si on me faisait manger des haricots verts à l'eau signifiait qu'on ne m'aimait pas, j'étais plutôt mal barrée, je te l'accorde. 

Et bien ça n'a pas loupé. Je suis partie à Paris à 19 ans, et crois-moi, la vie parisienne ne fait pas de cadeau pour une petite jeunette fraîchement débarquée de sa province.  Je me suis mise très vite à manger tout ce que j'attrapais. Du sucré, du salé derrière, encore du sucré.. A n'importe quelle heure de la journée. De la nuit. A table, au restaurant ou chez des amis, je me resservais toujours. Au Mc Do, il fallait toujours prendre le menu XL avec des nuggets en plus et un dessert, des fois deux. Les grecs, les pizzas et autre fastfood faisaient partie de mon quotidien.
Bizarrement, les kilos ne sont pas arrivés tout de suite. Ça a duré quelques années comme ça sans que je ne m'inquiète de ma silhouette. Je n'étais pas mince, mais je restais svelte. Le fameux bourrelet-qui-dépasse-du-jean était encore un concept inconnu pour moi.
Et puis très vite, j'ai commencé à travailler dans la restauration. J'aurais pu vivre à l'intérieur d'un pot de Nutella, ou, soyons fous, aller toquer directement chez la vieille sorcière de Hansel et Gretel ça aurait été du pareil au même. C'est bien simple, je mangeais pendant tout le service. Il y a toujours un gentil cuisinier pour vous donner un croustillant de crevette qui a une drôle de forme ou un moelleux au chocolat un peu trop cuit. J'ai fait ce métier pendant plus de dix ans. La chance que j'ai eu, c'est que quand tu es serveuse, tu cours toute la journée et tu portes des trucs lourds.
Jusque là, le miracle continuait de fonctionner, mais faut quand même pas pousser mémé dans les orties, et j'ai commencé à grossir tout doucement, sans m'en rendre compte, jusqu'au jour où j'ai été embauchée dans un restaurant où les serveuses étaient presque toutes gaulées comme des nanas de magazine. Elles étaient splendides, et en les regardant, je me suis rendue à l'évidence: j'étais grosse.

Car forcement, quand on évolue dans un milieu où la norme est à la limite de l'anorexie, et ben on se trouve grosse.

J'ai donc commencé à m’intéresser à ce qu'il y avait dans mon assiette, et devant le constat, j'ai fait ce que toute personne normalement constituée aurait fait: j'ai culpabilisé. J'ai mangé encore plus. J'ai grossi. J'ai commencé à me détester.



 
S'en sont suivies quelques mesures plus intelligentes les unes que les autres. J'ai tenté de me faire vomir. Je me suis nourrie pendant des semaines exclusivement de sachets protéinés au bon goût dégueulasse de chocolat chimique-jusqu'au jour où je suis tombée dans les pommes lors d'une sortie entre amis. J'ai testé le régime salade verte-pomme-thé. J'ai bu des litres de boisson drainante. Je me suis badigeonnée de gel amincissant. Je me suis transformée en rouleau de printemps en m'enroulant dans du film alimentaire (bah quoi tu savais pas que ça faisait maigrir? Pff...).

J'ai testé la pilule Alli. Et là je me dois de m'arrêter sur cette expérience, afin que toi, la demoiselle qui cherche une solution à tes problèmes de poids n'avale JAMAIS cette pilule. Jamais, tu m'entends. La pilule Alli, qu'est ce que c'est? Je vais faire simple et tant pis pour le côté glamour. La pilule Alli, c'est une petite pilule magique que tu peux pouvais acheter en pharmacie, qui te permettais de fondre littéralement en peu de temps, car cette gentille pilule magique emprisonnait toutes les méchantes graisses que tu pouvais absorber, et les rejetaient en bloc. Oui tu as bien lu: rejetait les graisses. Comment? Par où? Un peu d'imagination s'il te plaît. Sueurs froides, crampes d'estomac, migraines et incontinence fécales-oui oui tu as bien lu!- au programme, sans compter que le corps était vidé de ses vitamines essentielles. A la fin, j'avais tellement peur de partir en courant aux toilettes que je ne mangeais presque plus rien. Voilà je t'avais prévenue. Cette pilule n'est plus en vente en France, malheureusement on peut encore se la procurer en fouillant sur Internet. Alors oui on peut dire que j'ai maigri. J'ai bien sûr tout repris par la suite. En double.



Dans la famille donnez-moi le régime le plus intelligent du monde, je vous présente le régime Dukan. Tout le monde connait maintenant ce si tristement célèbre régime qui consiste à se nourrir exclusivement de protéines pendant plusieurs jours, et d'y rajouter quelques pauvres légumes quand on commence à rêver tomates et haricots verts (si si ça existe). L'astuce: les protéines sont à volonté. Si tu veux manger cinq steaks hachés et 72 bâtons de surimi, tu peux.  Dans son superbe livre, Dukan t'encourage même à te peser plusieurs fois DANS LA JOURNÉE pour te prouver que tu vas maigrir à la vitesse de l'éclair. Il me semble avoir tenu deux mois, au cours desquels j'ai perdu près de 8 kilos oui oui. Que j'ai repris évidemment.

Puis j'ai arrêté de travailler et je suis retournée à la fac. Aie. Ma chance pendant ces années était que je travaillais dans une branche qui me permettais de brûler énormément de calories. A la fac, s'en était fini de moi. Les kilos se sont installés confortablement, m'ont tenu chaud l'hiver, et se sentaient si bien dans mon enveloppe corporelle qu'ils n'ont plus voulu me quitter. J'ai atteint les 70 kg il y a deux ans (je fais 1,62m) et j'ai vu le ciel me tomber sur la tête. J'en vois qui ouvrent grand les yeux et se disent elle se fout de notre gueule celle-là depuis le début de son article elle nous fait croire qu'elle est grosse. A ceux-là je rappellerais simplement qu'en vérité, il n'est jamais question de kilos mais du fait qu'on se sente bien ou non dans son corps. Je connais des filles plus grosses que moi, qui se sentent bien et qui respirent la sexiness (sors pas ton Robert ce mot n'existe pas). Ce n'est pas mon cas.

J'ai fini par aller voir un nutritionniste, qui m'a dit que je ne savais pas manger correctement-merci pour le scoop hein, j'étais pas au courant. A chaque fois que je sortais de chez lui je n'avais qu'une envie:pleurer. Bref, toujours est-il qu'il m'a fait perdre 3 kilos en...un an. Cette blague. Et puis son régime m'a gonflé et j'ai remangé normalement. Étrangement(ou pas?), je n'ai rien repris. J'ai bien été tenté d'envoyer tout balader, de profiter de la vie et de manger tout ce qui me plaisait.  Parce qu'à la fin, c'est fatiguant de faire tout le temps attention et de n'obtenir que peu de résultats.  Je me bats quand même moins qu'il y a dix ans. J'ai retrouvé des pages que je noircissais à l'époque où mon mal être était à son maximum, et j'ai eu beaucoup de peine devant la violence des mots qui m'étaient adressés.

Chacun a une histoire différente et même si mon mec me dit qu'il m'aime comme je suis, qu'il me trouve belle, je ne peux m'empêcher de faire la grimace quand je vois les courbes de mon corps-pardon la graisse qui déforme ma silhouette- se refléter dans une glace.

Depuis deux semaines j'ai repris un régime sain, une nouvelle façon de manger, car à un moment, malgré toutes les excuses valables ou non (c'est de la faute de ma mère- j'ai le squelette lourd- c'est de famille- je mange donc je suis- c'est pas moi c'est le frigo qui s'est ouvert tout seul-c'est mon chat qui m'a ramené un Kitkat- c'est pour compenser), il fallait que je me rende à l'évidence: je mange trop. Et mal. Il fallait donc que je mange moins. Et mieux.
Sans blague, me dira-t-on? Oui, tout le monde le sait, je le savais.

Mais je n'était pas prête à l'admettre, à l'accepter, je préférais me cacher derrière mes kilos qui étaient devenus eux-même une excuse.

Pour preuve, quand je me regarde dans un miroir je me vois toujours plus mince que je ne le suis. Ce n'est qu'à travers les photos que je peux mesurer l'ampleur des dégâts.
Des fois, je me demande si il n'y a pas chez moi une espèce de satisfaction malsaine à me voir grossir.  Contradictoire, non? Pourquoi, je n'en sais foutre rien. Pour me punir? De quoi? Pour me balancer dans la face que je suis nulle et me confirmer que je ne sais rien faire, pas même un régime? Pas si contradictoire que ça en fait.

Parce que tant que je suis convaincue que je suis nulle, pourquoi faire des efforts? 

Je ne parlerai pas de la place des médias dans notre vision de la femme parfaite, ni de la tendance thinspiration, ni du fait que pour les magazines tu es grosse quand tu fais du 40 (Scarlett Johansson est grosse tout le monde le sait), ni encore de cette nouvelle tendance qui te fait croire que le boot camp et le cross fit c'est bien (non mais c'est vrai quoi, vomir ses tripes de fatigue c'est ça la vie).

Je ne veux ressembler à personne, je veux juste être moi. En mieux.

Love.