jeudi 19 novembre 2015

Half Moon Run



C'était le 26 mars 2013. Déjà plus de deux ans. Comme le temps passe vite. Ma bande de copines et moi étions parties pour sautiller comme des hystériques  au rythme du banjo de Mumford and Sons au Trianon, incontestablement ma salle de concerts préférée. Après une première partie qui n'a pas retenu plus que ça mon attention, voilà que débarquent trois mecs sur scène. Je soupire. C'est que deux premières parties, c'est agaçant vous comprenez. Je suis venue voir Mumford and Sons, moi!
La lumière se fait. Un sourcil se lève. Le chanteur est tellement beau que c'en est indécent. A vue d’œil, un bon mètre quatre-vingt-dix, les cheveux dorés relevés en chignon approximativement étudié, le tout emballé dans un t-shirt noir oversize destroyed. Qui ne couvre pas grand chose. Pardonnez-moi je m'emporte. Du coup j'ouvre grand les yeux, et les oreilles. Des fois qu'il chante bien.
Ah, mes amis. Cette voix. Je ne pense pas avoir entendu, en toute objectivité (comment ça non?), une voix pareille. Envoûtante, chaude, sensuelle, ensorcelante, lascive, puissante, vibrante, sensuelle...ah mince je l'ai déjà dit. La musique? Audacieuse, inédite, aérienne. Une sorte de rock folk indé (même si je n'aime pas enfermer la musique dans des cases) d'une qualité rare. Les mélodies sont composées méticuleusement et le travail instrumental est monumental, on sent qu'ils se sont donnés corps et âmes dans leur musique. 
Inutile de vous dire que je me suis précipitée sur leur stand à la fin du concert pour acheter leur album Dark Eyes. J'ai même eu la chance de pouvoir le faire signer par les membres du groupe, qui se mêlaient tranquillement à la foule. Personne ne les avaient remarqués (mais ça, c'était avant!).
Cet album, je l'ai saigné comme on dit poliment. La première écoute n'a pas été transcendante si je veux être honnête. Mais j'ai continué à l'écouter en boucle, et au fur et à mesure s'est installée une sorte de familiarité entre la sonorité des chansons et mes oreilles néophytes. J'ai intégré chaque note, chaque infime variation de la voix de Devon, que j'attendais au tournant. Oui je l'appelle par son petit nom maintenant.
Quelques jours plus tard ils jouaient à la Défense, au festival Chorus. Il n'y avait pas énormément de monde. Tant mieux. Ca en faisait plus pour moi. Ah, mais laissez-moi, j'ai 15 ans à nouveau. Cette fois-ci c'est le vinyle de leur single Full Circle que j'achète, et que je tends fébrilement à Devon pour qu'il m'écrive Give up dessus, une de mes chansons préférées de cet album. Il était tellement mignon, il se sentait géné, il souriait (est-ce que je vous ai parlé de son sourire?): "No, I don't want you to give up!" Je me suis donc retrouvée avec un "Don't give up" stabiloté sur mon exemplaire.
Et comme on dit jamais deux sans trois, me voilà repartie avec une amie (la même qui me suit dans cette odyssée depuis le début) à leur concert à la Maroquinerie le 23 avril 2013. Une touuuute petite salle. Le bonheur. Ce fut un concert d'une rare intensité. Un pur émerveillement. Entre deux chansons, on entendait les gens leur jeter des I love you par-ci, des I love you more par là. Et quand la salle a commencé a chanter avec eux, Devon et Connie (guitare,clavier et harmonica) se lançaient des regards pétillants pleins de surprise, comme s'ils n'arrivaient pas à croire ce qu'il se passait. Cerise sur le gâteau, le groupe au complet nous a offert une chanson acoustique pour clore le concert. Ah oui j'ai oublié de vous dire, un quatrième musicien a rejoint le groupe en cours de route, pour s'installer au clavier et aux percus:Isaac, ou Bouclettes comme le dit mon amie avec un filet de bave de trois mètres de long.
Est ce qu'on peut dire jamais trois sans quatre? Haha. Retour à la case départ cette fois, pour un nouveau concert au Trianon le 15 novembre 2013. Cette fois-ci, ce sont eux les stars. Et ils se sont envolés. Spectaculairement. Le public les a portés jusqu'à la consécration.
Deux ans. Deux ans à se demander si ils allaient revenir avec un nouvel album. Parce qu'un groupe comme eux, ça ne peut pas en rester là. Et finalement, il tombe, comme un cadeau du ciel, Sun leads me on, le 23 octobre 2015. Je ne vous cache pas que j'ai eu peur. Parce que qu'est ce qu'on peut bien faire après un album comme Dark Eyes? Une pâle copie du premier opus? Où alors est-ce qu'ils allaient être complètement à côté de la plaque?
Je ne sais pas par où commencer. On va faire simple. Première chanson: Warmest Regards. Une claque. C'est doux, lascif, jouissif. Je suis assise en tailleur sur mon canapé, je ne bouge plus un orteil, j'attends fiévreusement la deuxième chanson. I Can't Figure Out What's Going On. Et c'est le cas de le dire. C'est à couper le souffle. Ca s'envole, ça s'énerve, ça swingue, bref, je vais bientôt inventer des mots et des adjectifs si ça continue. Troisième chanson: Consider Yourself. Helloooo les gars, où étiez-vous cachés pendant toutes ces années, loin de la scène musicale?! Hands In The Garden, on retombe dans la douceur langoureuse. La voix de Devon, c'est du miel je vous dis! I never thougt I could be so happy, Devon tu ne crois pas si bien dire. La suite: Turn Your Love ressemble un peu plus à leur premier album, mais comme d'habitude la chanson se transforme en chemin. Narrow Margins: On passe au niveau supérieur. J'ai l'impression de nager dans les eaux translucides d'une cascade, dans un pays qui n'existe pas. Sun Leads Me On: quelque chose a cédé en moi, je suis tellement submergée que je me laisse aller à pleurer silencieusement. It Works Itself Out me réveille un peu de mon hypnose, mais très vite je me retrouve emportée par les somptueuses percussions (hello Bouclettes!) et les notes magiques de Connie au clavier. Puis je me laisse bercer par la douceur énigmatique de Everybody Wants, portée par des envolées qui sont propres au groupe, un sourire bête accroché à mes lèvres. Petite interlude au piano de 54 secondes avec Throes, parce que trop d'émotions c'est dur à gérer à ce stade-là. Devil May Care: changement total de décors. Nous voici au pays de Bob Dylan, Connie sort son harmonica pour accompagner Devon qui réussit là un tour de maître, la chose n'était pas aisée. The Debt: je ferme les yeux. Ca tourbillonne, ça vole en éclats. Et je m'imagine des choses pas très catholiques. La faute à Devon, hein. Mais c'est la fin, et je sors de ma rêverie avec le clavier qui a un air des années 80 de Trust.
Je ne vous dirai pas combien de fois j'ai écouté cet album, ça dépasse l'entendement.
Ce que je peux vous dire, en revanche, c'est que je suis allée à leur concert au Trabendo le 4 novembre avec mon amie (celle qui bave quand Isaac est dans les parages - dit-elle alors qu'elle se transforme en groupie sanguinaire dès qu'elle aperçoit Devon). Ca vous étonne?
Je ne vais pas vous passer en revue le concert, qui était ma foi beaucoup trop court à mon goût, mais qui était une fois de plus chargé d'énergie et d'émotions. Ce qu'il y avait de nouveau, c'était cette assurance que le groupe a gagnée depuis leurs derniers concerts. Cela ne les dessert pas, cependant.
Je me souviendrai en particuliers de ce moment où Devon a commencé à se trémousser en se passant les mains dans les cheveux, mais je ne vous raconterai pas ce qu'il s'est passé en moi à ce moment. Non mais!
Est ce que je dois vous parler du moment où mon amie et moi les avons attendus une fois le Trabendo fermé devant leur car? Non je ne vais pas faire ça. Un peu de décence tout de même.
Bon et puis comme on n'en est plus à une fois près, nous allons retourner les voir à la Cigale le 11 mars 2016. C'est qu'on est presque intimes maintenant, Devon, Isaac, Connie, Dylan et moi (et ma copine, sinon je risque de me faire frapper).
Sur ce, je vous laisse et vous encourage à aller voir ce groupe Canadien sur scène, j'espère vous avoir donné envie (en toute objectivité bien sûr) d'en découvrir un peu plus sur eux, ils valent vraiment le détour.

Bisous!

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