mardi 2 février 2016

Bref, je suis allée au Monoprix





18h00. Je meurs déjà de faim. 

Comme d'habitude j'ai pris mon petit déjeuner un peu tard et je suis sortie sans déjeuner. Quand je suis dehors, en général je ne mange pas. Sauf si je suis avec une amie. Mais seule, je n'arrive jamais à me décider ne serait-ce que pour un sandwich. Déjà parce que psychologiquement, le sandwich pour moi c'est un peu le repas zéro imagination. Et puis y'a trop de pain dans un sandwich. Ahah. Pain blanc, mal au bide, team no gluten tu vois. Non je ne suis pas allergique, laisse-moi. Et puis je ne me vois pas m'attabler quelque part toute seule, ça a dû m'arriver deux fois dans ma vie. Ces deux fois-là il y avait tellement de gens qui mangeaient seuls que ça m'a déprimée. Donc pas de sandwich, pas de restaurant, qu'est-ce qu'il reste? Pas grand chose on est d'accord. Je pourrais manger une petite salade au Monop ou à Marks & Spencers mais ça me déprime encore plus de manger sur leurs petites tables à l'entrée des magasins. Appelle-ça du snobisme si tu veux. Manger ma salade dehors, assise sur un banc comme une miséreuse? L'été, pourquoi pas. Mais là clairement ce n'est pas possible.
Après avoir vaqué à mes occupations je rentre chez moi vers 17h30 et déjà dans le métro j'imagine l'océan de possibilités qui s'offre à moi. Pancake au Spéculos, brownie aux noix de pécan, tarte au citron meringuée, Nutella à la petite cuillère (si si c'est une recette tais-toi), et autres douceurs en tout genre. Le no gluten c'est tellement 2015. J'ai quand même essayé de résister. Trois secondes. Le temps d'apercevoir la boulangerie en sortant du métro. J'en ressors avec un énorme beignet aux framboises. Le temps d'arriver chez moi (une minute trente deux) le papier transpire à en devenir transparent. Une demi-heure après avoir englouti mon goûter, la faim me tiraille de plus belle. Ben oui, les sucres rapides ça apaise sur le moment. "Rapide" on a dit. 

Comme je ne vais pas diner à 18h, je décide d'aller au Monoprix du coin pour faire deux trois courses. Du vinaigre blanc pour le ménage. Des croquettes pour Minou. Des éponges pour la vaisselle. Rien d'extravagant. Je n'oublie pas mon beau sac en tissu Monoprix. On ne sait jamais, des fois que je trouve l'inspiration sur place. Je me dirige donc vers le rayon animalier, mais pour y acder je dois passer par le rayon vêtements. Et il faut dire qu'ils se sont sacrement améliorés questions fringues au Monop. La nouvelle collection est arrivée. Est-ce que j'ai besoin de quelque chose? Non. Envie? Toujours. Ceux qui suivent savent de quoi je parle. Oui ça. Je flâne, je touche, j'essaie, j'imagine. Et je redescends sur terre. Et au rayon alimentaire par la même occasion. 

Ce que j'aime au Monoprix c'est qu'on trouve parfois des légumes improbables. J'ai vu des choux-fleurs violets, des fleurs de choux de Bruxelles, des tomates vertes, jaunes ou noires, des minis légumes trop mignons...de quoi redonner envie de remanger des légumes même aux plus coriaces d'entre nous! Allez, je me prends quelques légumes d'hiver pour concocter un petit pot-au-feu pour combattre la grisaille. En plus, maintenant, ils n'y a plus de sac plastique, c'est fini. Au rayon fruits et légumes on trouve des sacs en papier couleur kraft. Avec une petite blagounette en prime: "les sacs en papier, c'est pour les fruits et légumes uniquement. Et fruit c'est tout!". Je sais, je suis bon public. Oh des framboises! Bon je sais ce n'est pas du tout la période, mais elles iront à merveille avec les yaourts lemon curd de Mamie Nova.  

Qui a mis le fromage à côté des yaourts? Je fais comment, moi , maintenant? Je crois bien que si je me retrouvais sur une île déserte et qu'on me laissait le choix entre le chocolat et le fromage, je choisirais le fromage. Le fromage, c'est la vie, c'est divin. C'est pas pour rien qu'on leurs donne des noms de saints. Saint Marcellin, Saint Félicien, Saint nectaire, Saint Agur, Saint Albray...Le problème avec le fromage c'est qu'il appelle le pain. Et pas qu'un peu. On a tous été confronté au problème je reprends-du-pain-pour-finir-mon-fromage-ah-il-me-reste-du-pain-je-vais-reprendre-du-fromage. Résultat: on s'est enfilé tout le camembert avec la baguette entière.

Après le fromage vient le dessert. Ca commence à devenir compliqué, d'autant plus que mon ventre gronde. Et comme chacun sait, il ne faut JAMAIS faire ses courses le ventre vide. C'est donc tout naturellement que je me dirige vers le rayon gâteaux. Je reste raisonnable. Un paquet de Mikado, une boîte de minis cannelés et des cookies au chocolat blanc. Ah ce n'est pas raisonnable? Très bien. Pour la peine je vais aller chercher du chocolat. Je me plante devant le rayon, je suis au paradis. Et là, il se produit quelque chose d'étrange. Les gens qui passent devant moi, d'habitude assez tête en l'air, pressent le pas, baissent la tête, s'excusent pour me laisser choisir ma tablette de chocolat. Je me sens mal. De quoi ai-je l'air? D'une dépressive qui n'a pas eu sa dose de chocolat? D'une fille qui vient de se faire plaquer et qui vient trouver réconfort au rayon sucrerie? D'une célibataire qui supporte mal la solitude des longues soirées d'hiver? J'attrape une boîte de mignonettes Côte d'or noir orange et file honteusement vers la caisse. 

19h30. No way. J'ai passé une heure et demie à flâner au Monoprix. Parce que ce que je ne t'ai pas dit, c'est qu'en plus de faire mes courses, je lis quasiment toutes les blagues sur leurs produits. Je suis une fan inconditionnelle. J'ai d'ailleurs envoyé ma demande en mariage à la personne responsable de cette blague.
Demande restée sans réponse à ce jour, à mon grand regret.

Devant moi, une jeune fille. Je regarde ses courses passer sur le tapis. Un sachet de salade pour une personne, des tomates, du saumon fumé. Et du chocolat. Trois tablettes. Je pose mes courses à mon tour. Nos regards se croisent. Nos yeux brillent. Petits sourires complices. Je rentre enfin chez moi, le coeur léger, impatiente de déguster mon festin. Et je me rends compte que j'ai oublié le vinaigre, les croquettes et les éponges.
Merci Monoprix.