Chère Delphine,
J’ai lu, comme beaucoup, quantité de livres, certains m’ayant marquée plus que d’autres. Pour la première fois, cependant, je ressens un besoin impérieux de le faire savoir de la façon la plus directe qui soit: je voudrais vous remercier.
J’avoue, non sans une certaine honte que je ne vous connaissais pas, jusqu’à ce qu’une amie me mette vos livres entre les mains. J’ai commencé par Les heures souterraines, qui m’a contaminée lentement au fil des mots et qui a fini par infiltrer mes pensées, comme un filet d’air glacé qui s’invite silencieusement dans une pièce mal isolée.
Encore un peu ivre sous l’effet de votre plume, je suis allée me procurer No et moi, que j’ai bu d’une traite et que j’ai refermé dans un soupir de satisfaction, les yeux embués. Comme tout drogué qui se respecte, l’effet de manque s’est vite fait ressentir.
Il m’en fallait encore et c’est avec des mains fébriles que j’ai tourné les pages de Rien ne s’oppose à la nuit. Je dois vous avouer que celui-ci ne m’a pas habitée comme les autres, pour des raisons que j’ignore; peut-être parce qu’il s’agissait en partie d’une oeuvre autobiographique, parce que la réalité avait pris le pas sur la fiction, et que cette réalité ne me laissait donc aucune place, aucun espace dans lequel j’aurais pu m’immiscer entre les lignes.
Néanmoins, le génie avec lequel vous parvenez à coucher les souffrances les plus intimes sur papier m’ont laissée sur ma faim, et je me suis attaquée à votre dernier livre dans l’espoir de sentir encore mon ventre se nouer.
Encore un peu ivre sous l’effet de votre plume, je suis allée me procurer No et moi, que j’ai bu d’une traite et que j’ai refermé dans un soupir de satisfaction, les yeux embués. Comme tout drogué qui se respecte, l’effet de manque s’est vite fait ressentir.
Il m’en fallait encore et c’est avec des mains fébriles que j’ai tourné les pages de Rien ne s’oppose à la nuit. Je dois vous avouer que celui-ci ne m’a pas habitée comme les autres, pour des raisons que j’ignore; peut-être parce qu’il s’agissait en partie d’une oeuvre autobiographique, parce que la réalité avait pris le pas sur la fiction, et que cette réalité ne me laissait donc aucune place, aucun espace dans lequel j’aurais pu m’immiscer entre les lignes.
Néanmoins, le génie avec lequel vous parvenez à coucher les souffrances les plus intimes sur papier m’ont laissée sur ma faim, et je me suis attaquée à votre dernier livre dans l’espoir de sentir encore mon ventre se nouer.
Rien, absolument rien ne m’avait préparée à D’Après une histoire vraie.
Férue de littérature fantastique, j’ai mainte fois séjourné à la frontière fragile où cohabitent subtilement réel et imaginaire. Vous avez déplacé par la seule force de votre plume cette frontière dans une nouvelle dimension que je ne connaissais pas et je me suis perdue dedans.
Mue par une sorte de certitude naïve et prétentieuse - et cependant inébranlable- que seule l’écriture sera capable de me faire venir à la vie, je dois bien aujourd’hui me rendre à l’évidence: je n’y arrive tout simplement pas. Les mots se bousculent dans ma tête mais filent entre mes doigts dès lors que je tente de m’en saisir. Pourquoi, alors que ceux-ci sont tellement vivides lorsqu’ils accomplissent leur danse étourdissante dans le royaume de la pensée, disparaissent-ils comme par désenchantement au moment où ils se trouvent presqu’à ma portée?
Férue de littérature fantastique, j’ai mainte fois séjourné à la frontière fragile où cohabitent subtilement réel et imaginaire. Vous avez déplacé par la seule force de votre plume cette frontière dans une nouvelle dimension que je ne connaissais pas et je me suis perdue dedans.
Mue par une sorte de certitude naïve et prétentieuse - et cependant inébranlable- que seule l’écriture sera capable de me faire venir à la vie, je dois bien aujourd’hui me rendre à l’évidence: je n’y arrive tout simplement pas. Les mots se bousculent dans ma tête mais filent entre mes doigts dès lors que je tente de m’en saisir. Pourquoi, alors que ceux-ci sont tellement vivides lorsqu’ils accomplissent leur danse étourdissante dans le royaume de la pensée, disparaissent-ils comme par désenchantement au moment où ils se trouvent presqu’à ma portée?
Vous avez accompli ce à quoi j’aspire secrètement-et que je n’atteindrai sans doute jamais-, vous avez saisi votre âme à bras le corps afin de nous l’offrir dans son plus simple appareil, redonnant ainsi à la littérature une nouvelle définition, lui insufflant une nouvelle vie.
Car finalement, peu importent le genre et les mots, peu importe qu’il s’agisse d’une histoire vraie ou non. Thriller psychologique, drame, autobiographie sont autant d’étiquettes qui ne revêtent aucune sorte d’importance. Le reflet de votre âme au travers de ce livre est tout ce qui importe et par je ne sais quelle magie obscure, lorsque je me penche au-dessus de ce reflet, celui-ci me renvoie l’image de mes propres douleurs jusque là insondables.
Je ne saurais vous remercier assez de m’avoir bousculée de la sorte. Les mots me manquent, l’air me manque et je ne cesse de penser à L. qui a réussi à faire écrouler tout mon système de pensée quant à la nature profonde de l’écriture.
Car finalement, peu importent le genre et les mots, peu importe qu’il s’agisse d’une histoire vraie ou non. Thriller psychologique, drame, autobiographie sont autant d’étiquettes qui ne revêtent aucune sorte d’importance. Le reflet de votre âme au travers de ce livre est tout ce qui importe et par je ne sais quelle magie obscure, lorsque je me penche au-dessus de ce reflet, celui-ci me renvoie l’image de mes propres douleurs jusque là insondables.
Je ne saurais vous remercier assez de m’avoir bousculée de la sorte. Les mots me manquent, l’air me manque et je ne cesse de penser à L. qui a réussi à faire écrouler tout mon système de pensée quant à la nature profonde de l’écriture.
Lorsque j’ai refermé votre livre, j’ai senti quelque chose se fissurer au fond de moi, là où vous avez creusé pour vous frayer un chemin. Je n’ai pas lutté longtemps. J’ai pleuré. Beaucoup.
Aujourd’hui je ne sais pas si je serais capable d’écrire comme je le souhaite, mais une chose est sûre, je ne le ferai pas avec des mots mais avec le matériau brut de mon âme, dussé-je y laisser ma peau.
Aujourd’hui je ne sais pas si je serais capable d’écrire comme je le souhaite, mais une chose est sûre, je ne le ferai pas avec des mots mais avec le matériau brut de mon âme, dussé-je y laisser ma peau.
Merci
M.