mercredi 27 mai 2015

Bienvenue en Enfer

Je suis en colère aujourd'hui. En colère contre moi, en colère contre le système. Je sais, ça fait très cliché mais ça reste un fait.
Je vous en avais plus ou moins parlé au fil de certains de mes articles, puisque c'est une récurrence chez moi. Je n'aime pas mon image, je n'aime pas mon corps et je ne compte pas en rester là. En ce moment, je suis en plein dans un régime et cette fois-ci je perds du poids pour de bon. Mais à quel prix...
Cette nuit, j'ai rêvé que je me pesais, que la balance affichait plus 6 kilos et que je pleurais à chaudes larmes parce que je ne comprenais pas comment j'avais pu prendre tout ce poids en un jour. Inutile de vous dire dans quel état j'étais en me réveillant, et pas besoin de s'appeler Madame Irma pour savoir quel a été mon premier geste après avoir posé le pied en dehors du lit. Me précipiter sur la balance bien évidemment. Cette catin qui vous regarde droit dans les yeux en vous pointant du doigt "YOU FAILED FATASS TRY AGAIN". 
Et le pire dans tout ça, c'est que je savais que le chiffre ne me ferait pas plaisir du tout. Je le savais parce que la veille, entre mes petits repas de petite fille modèle, j'ai dérapé. Méchamment. Le genre de dérapage qui te susurre à l'oreille "foutue pour foutue ma vieille autant y aller franco". Et donc ce matin, il fallait absolument que je mesure l'ampleur des dégâts afin de rentrer dans le bon vieux schéma de la culpabilité mange-grossis-punis-toi.



J'ai commencé mon régime il y a maintenant 7 semaines et j'ai perdu à peu près 5 kilos. Ce qui m'a rendue folle de joie dans un premier temps parce que ça faisait longtemps que je n'avais pas eu de tels résultats et mes pantalons commencent à être un peu grands. 
Comme je ne me vois pas telle que je suis dans le miroir, j'ai besoin de photos. J'avais donc demandé à Monsieur de me prendre en photo au début du régime pour mesurer les résultats. En mettant les deux photos côte à côte, je n'ai vu quasiment AUCUNE différence. J'ai ressenti une immense colère. Comment, tous ces sacrifices pour RIEN? Mais cette fois-ci, je n'allais pas me laisser abattre et abandonner, parce que c'est ce que j'avais toujours fait jusque là. Cette fois-ci, j'irai jusqu'au bout.
J'ai donc décidé de modifier légèrement mon régime somme toute assez équilibré, en supprimant TOUS les féculents, l'huile, et même le fruit auquel j'avais le droit le soir. A la guerre comme à la guerre. 
Et voilà que je perds entre 500 et 700 grammes par jour, la balance devient mon amie, et je me rajoute là-dessus un programme sportif pour la maison.
J'étais Wonderwoman.
Et sans prévenir, ça m'est tombé dessus. L'envie. L'envie de manger une énorme quantité de pain, de beurre et de charcuterie. J'étais pourtant de bonne humeur ce jour-là. J'ai d'abord essayé de résister, parce qu'après tout on n'a jamais dit qu'un régime était facile. Et plus je résistais, plus l'envie se faisait pressante, urgente même. Il FALLAIT que je mange mes cochonneries, je pouvais pratiquement les sentir fondre dans ma bouche, j'en salivais, je ne pensais plus qu'à ça. Et puis je me suis levée, je me suis dirigée vers la cuisine et je me suis mise à manger, en ne m'occupant que de l'instant présent. J'ai mangé jusqu'à n'en plus pouvoir, en regardant la scène comme si j'y étais étrangère, comme pour ne pas prendre part à cette folie.
Et puis il y a eu le rêve cette nuit. Depuis ce matin, je navigue de blog en blog, d'article en article, de la thinspiration à la fat pride. Complètement paumée. A la ramasse.

Et puis tout d'un coup je tombe sur la photo d'une fille sublime, un mannequin sûrement, le genre de fille qui n'a certainement pas de problème avec son image. Mince mais pas maigre. Tonique, sexy, une peau de velours. Magnifique.
Et de lien en lien, j'écarquille des yeux qui ne peuvent pas croire ce qu'ils sont en train de lire. Leah Kelley est un mannequin PLUS SIZE. Je serre les dents, j'enrage, j'ai envie de pleurer devant tant d'incongruité. Ca va trop loin. Le monde est fou. Je suis folle.




Je suis à bout. Je n'en peux plus de cette guéguerre contre le poids. Maintenant que je suis au régime, tout ce à quoi je pense c'est comment je vais faire pour ne pas regrossir derrière. Je ne veux pas m'empoisonner la vie, même si c'est déjà le cas. Je me bats contre mes contradictions en permanence. 
J'ai beau me dire que les standards de beauté ont beaucoup changé au fil du temps, que Marylin Monroe faisait du 42 et que mon esprit est embrigadé,  persuadé qu'un ventre plat est le symbole du succès, je n'arrive pas à me sortir de cet envoûtement de la minceur à tout prix. 
Alors oui, je suis en colère contre moi, et contre le système. Contre les médias et le pouvoir de l'image. En colère contre moi parce que sais que je suis sous influence et que je n'arrive pas à en sortir. En colère contre le système qui crée des générations de filles de plus en plus mal dans leur peau, prêtes à tout pour toucher le Saint Graal.  



LAISSEZ-NOUS DÉCIDER POUR NOUS-MÊME BORDEL DE MERDE. 

Est-ce que je vais arrêter mon régime et finir par m'accepter comme je suis? Non, faut pas déconner non plus. Ce surpoids que j'ai accumulé depuis des années, je l'ai quand même bien cherché. Et non je n'aime pas d'amour mes bourrelets. J'ai longtemps mal mangé, et beaucoup. Je vais continuer mon régime, faire un peu de sport à côté, arrêter de me peser TOUS les jours, mais surtout, je vais arrêter de prendre part à cette vaste débandade destructrice qui n'a d'yeux que pour la dualité. Skinny vs Fat. Fat vs Curvy. Team Healthy vs team no Healthy (the fuck?). Skinny vs Healthy.Avant vs après. STOOOOOOP.

Je veux déjeuner en paix.

Bisous.




 

mardi 12 mai 2015

Surconsommation hautement toxique




Salut à tous!

Aujourd'hui, je suis tombée sur un journal intime en flânant dans mes étagères. Comme tous mes journaux intimes depuis que je suis petite, il n'y a que très peu d'entrées dedans, car tout ce que j'entreprends en général est souvent très vite avorté. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être l'impression désagréable que tout ce que j'expérimente est vain. Comme ce blog d'ailleurs. Mais j'aime écrire et l'idée que quelqu'un quelque part puisse trouver son compte en me lisant me rassure et nourrit un peu mon ego. C'est qu'il est affamé le petit.
Toujours est-il que j'ai trouvé une entrée assez alarmante rétrospectivement, et j'ai décidé de la partager ici tellement ce que j'ai écrit ce jour-là me paraît incongru.

Lundi 10 mars 2014

Me voilà rentrée de Barcelone et le bilan est assez inquiétant. Sur tout le séjour, j'ai passé plus de temps à faire du shopping et à penser au shopping que je ferais en rentrant à Paris plutôt qu'à profiter pleinement de ces quatre magnifiques journées ensoleillées avec Monsieur, lui-même subissant avec une patience à toute épreuve mes caprices de petite fille frustrée. 
Mais frustrée de quoi au juste? Mes armoires sont pleines à craquer, les portes de placard ne ferment plus à cause des millions de sacs pendus les uns sur les autres, ou les uns dans les autres, au choix. Il arrive que je retrouve une paire de chaussures que je ne me souviens même pas avoir achetée!
Déprimée par cette révélation, je décide d'agir, sans me rendre compte que mes pensées m'ont entraînée-je vous jure que je ne comprends pas comment- sur ASOS, où ma commande vient d'être validée. Comment ma carte bleue? Bah elle est pré-enregistrée sur le site. Malin. Ou pas.
Ecoeurée,(même si j'attendrai fiévreusement l'arrivée du facteur cette semaine), je décide cette fois que j'ai un véritable problème. Et tout problème a une solution, non? Enfin, il paraît.
Il est donc temps de mesurer l'ampleur du problème. De se poser les bonnes questions. Suis-je addict? Acheteuse compulsive? Malade? Malheureuse?
Combien de fois par semaine est-ce je mets les pieds dans un magasin? M'arrive-t-il de ne rien acheter? Quel est mon véritable budget mensuel? Combien de vêtements ou chaussures sont passés aux oubliettes en l'espace de même pas une semaine?
Je pourrais par exemple remonter dans mes comptes jusque début 2013, et chiffrer mon addiction afin de me rendre compte de cette folie, et j'espère, pouvoir mettre fin à cette mascarade. Soit. Il faut bien commencer par quelque chose.
Bon. En remontant sur six mois, je m'aperçois que mon "budget" fringues frise les 500 euros par mois. J'ai donc dépensé 3000 euros (ce chiffre me donne le vertige) de fringues en six mois. Mais alors, à ce compte-là, où sont mes sacs de luxe, mes pulls en cachemire et mes pièces in-con-tour-nables? Nulle part. Ici, que des petites choses fadasses qui s'entassent et se ressemblent. Toutes. Le même jean en cinq coloris différents, des fois le même en double. Des pulls que je ne mets plus, des hauts que je n'ai jamais pu porter, des robes de l'époque "c'est ma période robe", et j'en passe.
Au secours. Je me noie. 

Inquiétant, n'est-ce pas? Alors je vous rassure, je n'en suis plus à ce niveau aujourd'hui, j'ai considérablement ralenti mes dépenses astronomiques et indécentes. Je n'ai pas trouvé de solution miracle, ça se fait petit à petit, mais aussi avec un petit travail d'introspection que j'avais déjà abordé dans ce précédent article, à savoir que je cherchais d'avantage à me déguiser plutôt qu'à me faire réellement face. Plutôt que de me dire que rien ne me va aujourd'hui, j'essaie d'abord de ne plus détester mon corps. Et pour moi, ça passe par un amaigrissement, mais c'est quelque chose de très personnel, et c'est un autre sujet :)
Clairement, cette surconsommation est un poison dont je compte bien me sevrer complètement!
C'est mon premier pas vers un monde meilleur, plus nature, plus zen et plus authentique.

Love 


vendredi 1 mai 2015

Pourquoi j'ai aimé Lost River de Ryan Gosling

Hello à tous! (la fille qui croit avoir trop de lecteurs)





Aujourd'hui, on parle de Ryan Gosling. Ou plus exactement de son film. Son premier film en tant que réalisateur. Ça peut laisser rêveur, ou pas, sachant que le blondinet a fait ses armes chez Disney. Quoi qu'il en soit, ça donne envie d'aller y jeter un œil. 
Comme d'habitude j'ai laissé tout le monde y aller avant moi, histoire de laisser la pâte reposer un peu. Même si je suis assez imperméable aux avis des uns et des autres, je suis une fille curieuse et parfois, je me laisse un peu spoiler, histoire de m'émoustiller un peu. 
J'ai donc pris la température à droite et à gauche -en même temps sur la toile il faudrait être aveugle pour ne rien voir passer- et j'ai eu un petit pincement au cœur face à l'unanimité: une bonne grosse daube prétentieuse d'amateur, sans queue ni tête. Oh. Je suis têtue, je suis donc allée voir cette daube intersidérale. 


Et j'ai adoré. Voici pourquoi. 

Je ne suis pas une spécialiste de la lumière et de la photographie (ni une spécialiste de rien du tout d'ailleurs), mais je me suis sentie touchée par la démarche artistique de Ryan (oui Ryan et moi sommes intimes maintenant qu'il m'a ouvert les portes de son univers). J'ai été comme hypnotisée par les images qui ressemblent parfois à un vieux polaroid périmé que l'on regarderait avec la curieuse impression d'avoir mis la main sur un trésor. Tout plane dans Lost River, tout flotte, comme un brouillard persistant un soir de pleine lune, qui nous chuchote doucement à l'oreille tandis qu'il nous frôle. 
Je me suis retrouvée projetée dans ce conte noir psychédélique, transportée par une musique, tantôt urgente, tantôt caressante, mais toujours présente comme un personnage qui aurait son mot à dire.  
Les acteurs, quant à eux, semblaient être taillés sur mesure pour ce film. On ne présente plus la sulfureuse Christina Hendricks, parfaite dans son rôle de mère perdue et prête à tout pour sauver ses enfants, et le talent de la douce Saoirse (une bonne fois pour toute, voilà comment on prononce son prénom!) Ronan se confirme une fois de plus.





J'ai entendu dire que son film n'était qu'un trip perso dans lequel il avait foutu de belles images, avec une histoire banale transformée en pseudo conte de fée. Attendez une minute que je rigole un peu. Ahahahahahahahahahaha. Voilà, pardon, il fallait que ça sorte. Je résume, ou plutôt, je traduis :on l'accuse donc de s'impliquer dans son film et d'exprimer ses pensées, ses délires les plus fous à travers des images soignées, et de sublimer l'anodin pour le rendre magique? 
Arrêtons un peu le délire, s'il vous plaît, ce sont des arguments non recevables. Je comprends tout à faire qu'on puisse ne pas être sensible à ce genre de cinéma, mais je ne crois pas qu'on puisse reprocher à Ryan Gosling sa démarche artistique. Ca serait comme réfuter l'essence même du cinéma. Je ne sais pas pour vous, mais je suis une spectatrice en demande, je VEUX voir de belles images, je veux voir du sublime, je veux être chahutée, meurtrie, bouleversée, je veux sortir de ma réalité. L'image est au réalisateur ce que les mots sont à l'écrivain, non? La qualité d'un film ne réside pas dans la complexité de son histoire, mais dans la façon dont l'histoire est traitée, détournée, sublimée.
On lui a aussi reproché d'avoir copié le style de David Lynch et de Nicolas Winding Refn. Déjà, je pense qu'il y a pire comme comparaison, je trouve qu'il s'en sort plutôt pas mal. Ensuite, je n'ai trouvé aucun point commun avec le style de Lynch, si ce n'est qu'il est mystérieux et que beaucoup de personne ne comprennent pas ses films. Pour Refn, je suis assez d'accord pour dire qu'il s'est influencé de son mentor, de cette façon qu'il a, parfois de mettre l'accent sur des couleurs oppressantes (du moins c'est ce que j'ai ressenti). En même temps, n'allez pas demander à un apprenti tatoueur de vous pondre des choses très géométriques si son maître excelle dans l'art du tatouage japonais, hein? 

Lost River

Only God Forgives



Et comme je refuse de croire que je vois des choses qui n'existent pas, je ne peux que souligner la similitude de ces deux images, qui n'est, sinon un immense  hommage à Refn de la part de Ryan Gosling, un symbole, dans les deux cas, d'une puissante malédiction à laquelle doivent faire face les protagonistes. Dans Lost River, la symbolique est d'autant plus forte qu'il s'agit d'une porte. Et comme chacun sait, la porte nous met face à nos peurs les plus profondes. Surtout si la porte en question a des allures de gargouille terrifiante. Dans la littérature gothique comme fantastique, elle oppose le connu et l'intérieur réconfortants à l'inconnu et à l'extérieur inquiétants. Qu'y-a-t-il derrière une porte? L'Enfer, un monde parallèle, le vide, la Mort, Soi? Dans tous les cas, ouvrir une porte c'est s'abandonner à un choix.  


Lost River

Only God Forgives
Peut-être bien même qu'il a trouvé son inspiration à Paris même, sous les traits d'un vieux cabaret, mais qui pourrait l'en blâmer? Rien n'est plus grisant de se raconter des histoires à partir d'un rien.




Les symboles bibliques et mythologiques sont nombreux à se côtoyer dans Lost River, l'eau est bien sûr un élément de taille, comme vous vous l'imaginez, tout comme le feu, qui joue un rôle à la foi destructeur et salvateur, mais je ne peux pas aller trop loin sans vous dévoiler un bout de l'intrigue, je vais donc m'en tenir là.

Le film, bien sûr est imparfait, comme toute œuvre. Il aurait mérité, par exemple, plus de temps, car il donne l'impression parfois d'aller un peu vite alors que c'est un film qui se pose, qui prend tout son temps, mais je tiens de source sûre qu'il y avait plus de scènes à l'origine. Pourquoi ces scènes ont-elles été coupées? Mystère. Des histoires de droit, de musique m'a t-on dit.
Toujours est-il que ce film, je l'aime avec ses petites imperfections, et que je trouve cela plutôt encourageant pour un début de carrière, car Ryan, pour ma part, a un immense talent. 

Lost River fait partie de ces films qui me marquent de leur empreinte, qui me plongent dans une douce nostalgie, nostalgie d'une histoire à qui j'aurais appartenu l'espace d'un instant.

Love.