Je suis en colère aujourd'hui. En colère contre moi, en colère contre le système. Je sais, ça fait très cliché mais ça reste un fait.
Je vous en avais plus ou moins parlé au fil de certains de mes articles, puisque c'est une récurrence chez moi. Je n'aime pas mon image, je n'aime pas mon corps et je ne compte pas en rester là. En ce moment, je suis en plein dans un régime et cette fois-ci je perds du poids pour de bon. Mais à quel prix...
Cette nuit, j'ai rêvé que je me pesais, que la balance affichait plus 6 kilos et que je pleurais à chaudes larmes parce que je ne comprenais pas comment j'avais pu prendre tout ce poids en un jour. Inutile de vous dire dans quel état j'étais en me réveillant, et pas besoin de s'appeler Madame Irma pour savoir quel a été mon premier geste après avoir posé le pied en dehors du lit. Me précipiter sur la balance bien évidemment. Cette catin qui vous regarde droit dans les yeux en vous pointant du doigt "YOU FAILED FATASS TRY AGAIN".
Et le pire dans tout ça, c'est que je savais que le chiffre ne me ferait pas plaisir du tout. Je le savais parce que la veille, entre mes petits repas de petite fille modèle, j'ai dérapé. Méchamment. Le genre de dérapage qui te susurre à l'oreille "foutue pour foutue ma vieille autant y aller franco". Et donc ce matin, il fallait absolument que je mesure l'ampleur des dégâts afin de rentrer dans le bon vieux schéma de la culpabilité mange-grossis-punis-toi.
J'ai commencé mon régime il y a maintenant 7 semaines et j'ai perdu à peu près 5 kilos. Ce qui m'a rendue folle de joie dans un premier temps parce que ça faisait longtemps que je n'avais pas eu de tels résultats et mes pantalons commencent à être un peu grands.
Comme je ne me vois pas telle que je suis dans le miroir, j'ai besoin de photos. J'avais donc demandé à Monsieur de me prendre en photo au début du régime pour mesurer les résultats. En mettant les deux photos côte à côte, je n'ai vu quasiment AUCUNE différence. J'ai ressenti une immense colère. Comment, tous ces sacrifices pour RIEN? Mais cette fois-ci, je n'allais pas me laisser abattre et abandonner, parce que c'est ce que j'avais toujours fait jusque là. Cette fois-ci, j'irai jusqu'au bout.
J'ai donc décidé de modifier légèrement mon régime somme toute assez équilibré, en supprimant TOUS les féculents, l'huile, et même le fruit auquel j'avais le droit le soir. A la guerre comme à la guerre.
Et voilà que je perds entre 500 et 700 grammes par jour, la balance devient mon amie, et je me rajoute là-dessus un programme sportif pour la maison.
J'étais Wonderwoman.
Et sans prévenir, ça m'est tombé dessus. L'envie. L'envie de manger une énorme quantité de pain, de beurre et de charcuterie. J'étais pourtant de bonne humeur ce jour-là. J'ai d'abord essayé de résister, parce qu'après tout on n'a jamais dit qu'un régime était facile. Et plus je résistais, plus l'envie se faisait pressante, urgente même. Il FALLAIT que je mange mes cochonneries, je pouvais pratiquement les sentir fondre dans ma bouche, j'en salivais, je ne pensais plus qu'à ça. Et puis je me suis levée, je me suis dirigée vers la cuisine et je me suis mise à manger, en ne m'occupant que de l'instant présent. J'ai mangé jusqu'à n'en plus pouvoir, en regardant la scène comme si j'y étais étrangère, comme pour ne pas prendre part à cette folie.
Et puis il y a eu le rêve cette nuit. Depuis ce matin, je navigue de blog en blog, d'article en article, de la thinspiration à la fat pride. Complètement paumée. A la ramasse.
Et puis tout d'un coup je tombe sur la photo d'une fille sublime, un mannequin sûrement, le genre de fille qui n'a certainement pas de problème avec son image. Mince mais pas maigre. Tonique, sexy, une peau de velours. Magnifique.
Et de lien en lien, j'écarquille des yeux qui ne peuvent pas croire ce qu'ils sont en train de lire. Leah Kelley est un mannequin PLUS SIZE. Je serre les dents, j'enrage, j'ai envie de pleurer devant tant d'incongruité. Ca va trop loin. Le monde est fou. Je suis folle.
Je suis à bout. Je n'en peux plus de cette guéguerre contre le poids. Maintenant que je suis au régime, tout ce à quoi je pense c'est comment je vais faire pour ne pas regrossir derrière. Je ne veux pas m'empoisonner la vie, même si c'est déjà le cas. Je me bats contre mes contradictions en permanence.
J'ai beau me dire que les standards de beauté ont beaucoup changé au fil du temps, que Marylin Monroe faisait du 42 et que mon esprit est embrigadé, persuadé qu'un ventre plat est le symbole du succès, je n'arrive pas à me sortir de cet envoûtement de la minceur à tout prix.
Alors oui, je suis en colère contre moi, et contre le système. Contre les médias et le pouvoir de l'image. En colère contre moi parce que sais que je suis sous influence et que je n'arrive pas à en sortir. En colère contre le système qui crée des générations de filles de plus en plus mal dans leur peau, prêtes à tout pour toucher le Saint Graal.
LAISSEZ-NOUS DÉCIDER POUR NOUS-MÊME BORDEL DE MERDE.
Est-ce que je vais arrêter mon régime et finir par m'accepter comme je suis? Non, faut pas déconner non plus. Ce surpoids que j'ai accumulé depuis des années, je l'ai quand même bien cherché. Et non je n'aime pas d'amour mes bourrelets. J'ai longtemps mal mangé, et beaucoup. Je vais continuer mon régime, faire un peu de sport à côté, arrêter de me peser TOUS les jours, mais surtout, je vais arrêter de prendre part à cette vaste débandade destructrice qui n'a d'yeux que pour la dualité. Skinny vs Fat. Fat vs Curvy. Team Healthy vs team no Healthy (the fuck?). Skinny vs Healthy.Avant vs après. STOOOOOOP.
Je veux déjeuner en paix.
Bisous.